DOIT-ON PLEURER LA CRISE DU DISQUE ?
Après la fermeture du site de téléchargement Mégaupload et la mise en place des premières sanctions de la loi Hadopi, il est fort probable que nous ayons droit très prochainement à des papiers sur la crise du disque, comme à chaque rentrée, à l'heure des bilans. En effet, si c'est un fait avéré que les disques se vendent moins (-12% sur le premier semestre 2011*) les causes et conséquances sont bien moins évidentes qu'il n'y parait.
Télécharger, c'est voler !
Aux grands remèdes les grands mots. Culpabiliser le consommateur, le diaboliser, le punir, après lui avoir vendu, voire offert les outils nécessaires à son larcin, c'est tout ce qui semble en mesure de proposer la législation actuelle. Du mercurochrome sur une jambe de bois. Demain naitra un nouveau serveur illégal, et les moyens de surfer anonymement pour télécharger existent depuis des années.
Ce dont nous sommes témoin, c'est qu'aucune vision à long terme n'a été envisagée par ceux qui disent aujourd'hui défendre le droit à la création originale. Forts de leur montée en puissance dans les années 80, de leur fusion à la fin des années 90, les majors ont vécu grassement sur le dos des artistes et des consommateurs de disques sans se soucier de leur pérénnité, comme si leur toute-puissance était éternellement incontestable. Jamais n'a été remis en cause le prix même du disque, ni la part gourmande que celle-ci absorbent sur chaque exemplaire.
La sonnette d'alarme
Pourtant, depuis de nombreuses années, quelques coups de projecteurs ont été donnés par les créateurs eux-même, soucieux de voir la mondialisation et ses conséquences emporter la dimension artistique de leur projet vers un unique but commercial. Et laisser sur le bord de la route tout ce qui ne remplirait pas le cahier des charges des financiers. On se souviens des quatres Bordelais de Noir Désir, pourtant inhabitués des plateaux télé venant expliquer aux victoires de la musique 2002 comment leur maison de disque avait été happée par Vivendi-Universal**. Plus près de nous, de nonbreux artistes commencent à se détourner des maisons de disques pour revenir à une vision plus artisanale et humaine de l'échange entre l'artiste et le consommateur, vendant soit en ligne soit par précommande de leur nouveaux albums. (Radiohead, Prince, Metric). A noter que Radiohead, en vendant son album uniquement sur internet à un prix libre (4 livres en moyennes) a dégagé plus de bénéfices que si l'album était passé par les mailles d'une majors. De quoi se poser quelques question.
* chiffre du Syndicat National de l'Edition Phonographique
** lettre à Jean-Marie Messier